Maxime Rigaux, Premiers poèmes , éditions J. Noël. (09 / 2019 ,10 euros).

La poésie foisonne et c’est tant mieux. Maxime Rigaux est une plume neuve éditée par un éditeur qui l’est tout autant.

Découvertes, au pluriel, donc.

On décèle un travail axé sur un sens de l’observation modifié en évocations toute quotidiennes mais légèrement surréalistes avec un genre de décalage inné :

« Je rentre mes poules/ quand les étoiles/ s’éteignent/ et les fenêtres/ s’allument ».

Il y a une complicité entre l’image ressentie et l’émotion intérieure qui, elle, se révèle réalité affective personnelle : « la lune tourne dans mes doigts/ j’ai la certitude qu’une éclipse pour l’autre/ devra bien tenir ce sentiment / où des fantômes sous cocaïne/ sans plus aucune mémoire/ remplissent de leurs voix le dernier endroit d’ombre».

Quand son âme se noircit, l’auteur se demande « à quand les étoiles/ dans la (ma) nuit » mais l’âge tendre peut s’éveiller à l’amour : « entre les branches/ craquent les mains blanches/ oh amour amour amour de ma vie ».

La poésie oscille ainsi entre jeux d’ombre et de lumière : « les ombres se trompant (se trompent) à cœur fendre ».

Coralie disparue ou changée « dans la forme et dans l’œil » se fait poésie avec une économie de moyens comme on se taperait plusieurs fois sur la poitrine.

Maxime « remercie la lumière adorée sur son (mon) mur/ (je) remercie tout ».

Le besoin de communiquer semble se faire pressant et le faire ressentir en texte court est une difficulté surmontée : « j’envoie partout ma voix pour/ rassembler ma vie/ mon âme mon âme s’est ouverte je suis à la merci/ de toute lumière ».

Il y a dans ces poèmes une animalité prononcée sans savoir si la bête sort de jour ou de nuit ; les deux sans doute « aimée contre la nuit et contre le jour ».

Le recueil est artisanal, cousu main, tiré à exemplaires numérotés avec un dessin de couverture imprimé en relief sous presse, cette façon de faire me faisant penser à feu la revue « L’Arche d’Ouvèze », une excellente référence des années 90 que menait le poète Pol Laurent depuis Vaison-la-Romaine.

Un ton oral donne une dimension à l’écho de mots répétés en suivi avec aussi une certaine insistance sur les blancs reprenant le souffle des mots.

Patrick Devaux