Françoise Houdart, Retour à Domme, roman, éd. Luce Wilquin, 176 pp, 17 €.
Sous une couverture qui renferme déjà le sens essentiel du roman, Françoise Houdart nous offre cette fois une histoire de famille assez embrouillée, dans laquelle des péripéties sentimentales qui semblaient oubliées remontent à la surface et viennent se mêler au souvenir d’une Mamie très aimée du héros central.
Je ne vous dévoilerai pas toute l’histoire, ce serait vous gâcher le plaisir, qui tient ici, pour une bonne part, dans l’aventure et les nombreux suspenses qu’elle comporte. Disons simplement que cette grand-mère était volage et aventureuse. Il y aura des passages pleinement dans le présent, et d’autres où le lecteur se trouvera un pied dans le rêve, un pied dans la réalité; un pied dans le présent, un pied dans le passé.
D’autres éléments entrent dans la composition du philtre: cette broche en forme d’oiseau, avec ses rubis, à la recherche de laquelle on part un peu comme à la conquête du Graal; cette femme-couleuvre, cette sorte de vouivre cachée au presbytère; la présence aussi, assez prégnante, de cet auteur peu connu, François Augiéras, et la dévouverte de sa tombe. Le hasard veut que j’avais lu, il y a peu, l’un de ses ouvrages: et malgré la triste vie qu’il a menée, il est bien vrai qu’il y a dans son style quelque chose aussi de magique, de très léger: c’est ainsi sans doute qu’écrivent les fées. Ce qui compte, nous dit Françoise, p.157, c’est de rêver, et de désirer.
Il y a chez elle un goût profond pour des personnages, des artistes surtout, qui sont trop peu connus, et ont produit parfois des oeuvres très remarquables. Comme le sentiment d’une justice immanente. Il y a, de fait, étonnamment, chez Augiéras comme dans certains poèmes de Jean Genet, une extraordinaire pureté, et comme la douce clarté d’une aube d’été. Comme s’il leur avait fallu toucher le fond de la déchéance pour en atteindre le secret. C’est ainsi sans doute que le choc de l’oiseau contre la vitre prend un sens supplémentaire, un peu comme l’écho du Corbeau d’Edgar Poe. Ces histoires vagues et indécises, qui passent de main en main, de bouche à oreille, comme dans les romans d’André Dhôtel, pour se perdre au carrefour des routes, on un charme à nul autre pareil. Alors, n’hésitez pas, laissez-vous prendre aux filets de l’oiseleuse…
Joseph Bodson