Isabelle Bielecki, Petite moisson pour cent interprètes, Le Coudrier, 2016.
Le « stichou » dont l’auteure nous offre une centaine d’illustrations est un petit poème de cinq vers conçu par elle pour faire travailler l’imagination des jeunes et des moins jeunes. Les premiers vers présentent une situation, le troisième invite à la participation et à la réflexion, les deux derniers à la création sous la forme d’une métaphore ou d’une image surréaliste ou simplement poétique. Un exemple :
Assister à l’enterrement
D’un poète
Et se dire :
La couleur de ses yeux
Retournera aux nuages.
Le mot « stichou » est un néologisme, tiré du russe « stichok » et de l’adjecif « chou », lequel donne bien le ton à la fois léger, tendre et bienveillant. Ce genre de poèmes, tout à fait indiqué dans un atelier d’écriture, fait naître sans effort scolaire le goût de la poésie ou du conte car il contient parfois un début d’histoire ou une idée de tableau. Il rappelle par ailleurs les inventions des surréalistes qui adoraient jouer avec les associations libres, pas nécessairement nées du subconscient mais tout simplement du désir de libérer son esprit. Un art de vivre, ajoute en postface Chloé Thibault du Musée Magritte. Ce serait vraiment merveilleux s’il en était toujours ainsi… Le recueil est agréablement illustré par Mélanie Cortembos et par ses élèves. Inventer un genre poétique n’est pas courant, il faut s’en réjouir et féliciter Isabelle Bielecki de sa féconde initiative.
Michel Ducobu