Jean-Hubert Mabille, Faux départ, éd. Amalthée, roman.234 pp, 19,50 €.
Faux départ: c’est en fait l’évacuation de mai 1940, qui a laissé tant de souvenirs parmi nos familles wallonnes, et bien souvent créé des liens de longue durée avec les familles françaises qui les ont accueillies. Même si le fameux discours de Paul Reynaud, mettant en cause le roi des Belges et son armée, avait créé un profond malaise.
Toutes les scènes dramatiques où l’on voit cette foule hétéroclite poursuivie par les Stukas, sur les grands chemins et les petites routes de France, sont décrites avec beaucoup de verve. Les personnages aux aussi sont bien typés, soigneusement décrits. Comme je le suppose, une intrigue amoureuse, plus romancée, peut-être, vient se greffer sur le récit du voyage forcé. Là aussi, une grande délicatesse de touche, malgré quelques invraisemblances: les personnages semblent à peine sortis de leur communion solennelle, et ils éprouvent des sentiments que l’on prêterait volontiers à des adolescents plus âgés.
Malheureusement, toutes ces belles qualités sont un peu voilées par un besoin irrépressible chez notre auteur – il le reconnaît lui-même, et le regrette – de s’étendre en longues digressions, en jeux de mots trop envahissants…Il y a néanmoins, notons-le, un progrès marqué par rapport aux œuvres précédentes. Espérons…
Joseph Bodson