Isabelle Bielecki, Petite moisson pour cent interprètes, poèmes, éd. Le coudrier. Ill. de Mélanie Cortembos.
C’est à un exercice périlleux que s’est livrée ici Isabelle Bielecki: jouer avec les mots, pour les petits, c’est bien, c’est même une excellente idée. Mais il faut être drôle, (faussement) naïf sur toute la longueur du parcours. Et quand on joue (faussement) faux, les petits ont tôt fait de s’en rendre compte. Ce n’est pas n’importe quel public, les petits, et ils ne pardonnent aucune fausse note.
Rassurez-vous, Isabelle Bielecki tient bien la longueur, on peut même parler d’un parcours sans fautes. Même si les mots sont de redoutables obstacles, et s’il lui arrive, rarement il est vrai, d’effleurer la barre. A côté de cela, combien de réussites, pas seulement jolies, des réussites qui vont loin, sous la surface des choses: Ramasser les feuilles/D’un platane/Et lui dire:/A jeter ainsi tes mains/Comment saisiras-tu le vent?
Il est vrai qu’elle parle souvent avec les choses, vivantes ou inanimées. Mais c’est qu’il y a aussi une politesse envers les choses, que l’on aurait tort de négliger. Sans elle, elles se replient sur leur for intérieur, et, stichou ou pas stichou, vous aurez bien du mal à les rattraper. Isabelle y est passée maître, et il ne vous reste plus qu’à les déguster, ces petits stichous à la crème:
Nouer un ruban/Dans les cheveux d’une petite fille/Et lui dire:/Envolons-nous/A la rencontre des hirondelles,
ce que je vous conseille vivement de faire, car les jours rallongent déjà, même si c’est du saut d’une puce.
Joseph Bodson