Jean-Baptiste Baronian, Le mauvais rôle, roman, Genèse édition.
Jean-Baptiste Baronian, faut-il le rappeler, est l’auteur de nombreux romans policiers, dont beaucoup se passent à Bruxelles. Mais il fut aussi le directeur d’une collection chez Marabout, consacrée au fantastique, qui eut un grand succès, et publia les maîtres du fantastique belge et étranger, Jean Ray, Thomas Owen, le regretté Gérard Prévot, trop tôt disparu, et bien d’autres encore.
Rien d’étonnant donc s’il nous livre ici, à la manière d’Arcimboldo, une chimère qui tient à la fois du polar et du fantastique. Il adore prendre les virages à angle droit, et rien ne le fait reculer, ni les rêves de violence, ni les affabulations les plus saugrenues. L’eussiez-vous cru? Le Ministère de la Culture de notre Fédération, dans son roman, dispose d’une sorte de Service secret aux ramifications inattendues, à l’équipement ultra-performant, qui doit à lui seul coûter plus cher que le traitement de tous ses fonctionnaires. Mais il est vrai, que récemment, ce tournage de films pornos au Ministère de l’Intérieur…(ou bien est-ce moi qui me suis endormi pendant le JT, et qui l’ai rêvé?) D’abord, on se frotte les yeux, une fois, deux fois, et puis, avec ce diable d’homme, on finit par y croire, à ces fonctionnaires un peu passe-partout, à leurs amours intermittentes, à leur violence mal maîtrisée…Tenez, à la page 23, son style se fait plus vif et plus tendre, pour décrire un chagrin d’amour…
Baronian? Un éléphant dans un magasin de porcelaines, mais qui ne heurte rien, ne brise rien, se déplace avec élégance et légèreté, un peu comme le Gorille, quoi.
Bref, un pastiche très réussi du roman d’espionnage traditionnel. Mais vous n’êtes pas au bout de vos peines: nouveau tournant brusque, et nous voilà dans un monde irréel, les personnages deviennent vaporeux, pour un peu, on se croirait chez Chamisso, en compagnie de Peter Schlemihl.
Pas la peine de prendre votre GPS : il y perdrait son latin…et ce petit livre y perdrait de son charme.
Joseph Bodson