Françoise Duesberg, Souffler sur la blessure, roman, éd. Academia, 2019.
Un roman de facture on ne peut plus classique, dans une écriture fluide, un style qui ne cherche pas à se faire remarquer, mais qui est d’une justesse extrême.
Une histoire toute simple, devenue presque courante dans les temps troublés que nous vivons.: deux réfugiés, le grand frère et le petit, venus d’Erythrée après bien des péripéties,vont aboutir dans les Alpes françaises, non loin de la frontière italienne. Le plus jeune s’est fait une vilaine blessure à la jambe, ce qui rend leur progression difficile. Ils seront découverts par deux jeunes filles de 16-17 ans, en promenade dans la montagne. Aussitôt, celles-ci décident de les aider, elles vont dans un premier temps leur apporter de quoi subsister, sans oser en parler à leurs parents. Mais, se voyant repérées, elles devront bien demander leur aide…et la fuite continue, après le refoulement en Italie, en direction de l’Allemagne, où les deux réfugiés ont de la famille. Mais voilà que je me laisse aller à vous raconter toute l’histoire. Il est vrai que celle-ci est entraînante, et que le livre se lit d’une traite.
Je vous l’ai dit, un style impeccable, vif, sensible. Certains trouveront peut-être l’histoire trop belle, trop édifiante, trop remplie de bons sentiments: d’un côté les bons, de l’autre les mauvais. Mais que ferions-nous d’un monde où la méchanceté, la loi pure et dure, auraient constamment le dessus? Il est vrai qu’un auteur, se laissant entraîner par ses origines, ses opinions politiques, a un peu tendance à les faire passer dans son roman. Un citadin (pas tous, heureusement) aura tendance à dépeindre des paysans en proie aux plus noires superstitions, cruels envers leurs bêtes, un paysan verra parfois dans les citadins des êtres aux moeurs dépravées, prêts à toutes les compromissions. Ici, l’auteure fait assez justement la part des choses: chacun est pris par son rôle, et va jusqu’au bout. N’est-ce pas mieux ainsi? Quant au meilleur des mondes, on l’attend toujours.. Mais ce n’est pas une raison pour laisser tomber les bras….
Joseph Bodson.