Tuyêt-Nga Nguyên, Soie et métal, roman, éd.Evasion, 2019, 304 pages, 20€.
(Finaliste du prix des Cinq continents)
En soi, le titre déjà interpelle, ainsi que le paquet de lettres ficelé, en couverture. Il s’agira sans doute de vies déchirées, d’existences chamboulées.
Et en effet. Dès le début de la lecture, nous voilà plongés dans un récit plein d’humanité, sur fond de guerre du Viet- Nam, et des méandres de l’amour.
Résumer l’histoire est impossible, vu les nombreux développements et détours de celle-ci. En deux phrases, la voici, mais on est loin d’imaginer le compliqué des situations, les détails et les ramifications !
Pour des raisons obscures, une femme va quitter sa famille pourtant heureuse. Après le déni, la colère et l’incompréhension, sa fille sera amenée à découvrir et à comprendre cet exil.
Les choix de vie, c’est-à-dire « le devoir ou l’amour, la rigueur plutôt que la douceur », voilà un des sujets brûlants de « Soie et métal ». La fuite l’est tout autant : fuir un pays, fuir un amour. Et « le temps qui passe et le passé qui ressurgit ».
De nombreuses questions sont soulevées. L’amour est-il divisible ? Les choses arrivent-elles par hasard ? Comment vivre les déracinements ? « Les incendies des âmes s’éteignent-ils toujours comme ceux des forêts » ?
Au Viêt-Nam, grande importance est accordée au destin et tout porte à croire qu’il serait maître de tout. Il est en quelque sorte un des axes de cet ouvrage, et donc avec lui, l’espoir, mais aussi la résignation …
Dans ce livre, en partie épistolaire, les personnages évoluent en plein cœur de la passion, entre séparations et retrouvailles, vivant des sentiments forts mais contrariés par les circonstances qui trop souvent s’y opposent.
Un roman qui suscite l’émotion, la réflexion profonde, par la ténacité et l’ardeur du ressenti dont le temps semble complice .
« De quoi nous souvenons-nous avant de mourir : de nos larmes ou de nos rires … »
Anne-Marielle Wilwerth