Anne Herbautx, Comment on fait les bébés ours, Espèrluète éditions,, 2021.
Vous le saviez, vous, comment on fait les bébés ours? Moi, je savais tout juste qu’ils dorment une bonne partie de l’hiver. Alors, quand ils s’éveillent, cela doit être quelque chose de fabuleux, un peu comme le sacre du printemps, avec des cymbales, tout un orchestre de fantaisie; comme chez Stravisnsky, Eh bien, non, ce n’est pas tout à fait comme cela, dans le livre d’ANne Herbauts, où les deux N de son nom jouent à saute-mouton, à peine sortis de leur antre. Et puis, quel drôle de titre, pour un livre, et par où faut-il le prendre? A l’envers ou a l’endroit, en avant ou en arrière? Hé bien, je crois qu’il faut suivre son bon plaisir, en flânant, en batifolant. C’est que le printemps, aussi, il n’est pas toujours là quand on l’appelle Juste un petit souffle, parfois, un brin d’herbe qui se soulève.
Oui, il faut parfois bien de la patience Il vaut mieux se munir d’un vieil album de tapissier, pour vous donner des idées. Des couleurs plates, mates, savamment mariées, avec çà et là. des ailes de rossignol, des rayons jaunes, le tout parfois à peine esquissé Un mélèze ro
uge, un scarabée brun. et cette goutte, cette merveilleuse goutte de zeste glissant dans son duvet. Tiens! Un merle bleu! Et moi qui croyais que les blancs seuls n’existaient pas. Sans doute a-t-il eu peur du gros ours noir? Vous pouvez même quitter les chemins battus, courir à la page…à la page…Il n’y a pas de page où il y a du vert, du brun et du noir, mousses et sucs. Tiens, le voilà qui mange des feuilles de gingkos maintenant. Des feuilles bleues.. Et puis, des volatiles éclos…oui, c’est le sacre! L’éclosion de joie, l’ours qui frotte sa peau contre celle du mélèze. Mais, nous repartons dans l’autre sens, ce sera bientôt la fin de l’hiver, les couleurs se festonnent, s’attendrissent… tout devient grêle et suave. La menthe d’eau mérite une couleur à elle seule, la plus douce, la plus caressante. Il y a encore le dos doré, bien d’autres choses encore.
Alors, vous avec finit de repeindre votre chambre, comme votre voisin Ulysse a fini de bâtir son lit? Allons donc, temps d’aller coucher les petits, jusquà l’hiver prochain.
Joseph Bodson