Nathalie Boutiau, Puis viendra le matin, roman, Edition Samsa, préface de D Menschaert, 20 euros, 242 pages

Coup de cœur pour ce live qui aborde des thèmes essentiels tels que notre relation à la nature, la maternité et ses multiples facettes, la place de chacun dans le couple.
Nathalie Boutiau nous livre une réflexion sensible et intelligente sur notre rapport au monde au sens large.
C’est aussi un vrai roman avec des énigmes bien menées. L’on suit le cheminement de trois femmes, Jeanne, Emilie, Héloïse. Des fragments de leur existence sont reconstitués, dévoilés ; le lecteur est mené par la main douce et décidée de l’auteure qui raconte leur histoire, des vies parallèles qui se croisent, se lient entre elles de manière plus ou moins inattendue.
L’on devine l’auteure « présente » un peu partout dans le récit. Profondément, sincèrement empathique (dans la vie comme dans ses livres) à l’égard de l’ensemble du « vivant », elle ne porte pas de jugement sur les « choix » de vie de ces femmes, des choix parfois librement consentis, parfois dictés par la réalité des choses et les hasards de la route. Elle comprend et accepte, tant il est vrai que chacun est différent et unique.
Elle sait aussi que ce sont les épreuves qui nous façonnent, nous transforment et nous font avancer. C’est dire qu’il s’agit avant tout d’un livre d’espoir et de résilience.
La Nature y occupe une place primordiale sinon centrale. Les animaux nous font poser les bonnes questions, nous recentrent, nous replacent en équilibre au milieu du monde. Nathalie Boutiau nous parle ici de chats et du merveilleux de la relation de confiance qui peut se nouer entre eux et nous. C’est une chatte et ses trois chatons qui constituent le leitmotiv du livre, qui rapprochent irrésistiblement les destins de Jeanne, d’Emilie et d’Héloïse.
C’est aussi un livre de femmes, avec des problèmes de femmes, mais non un livre de « militantisme féministe ». Les hommes, il est vrai, sont un peu mis au second plan mais ils sont loin d’endosser de mauvais rôles…
Le roman de Nathalie est extrêmement sensible, sans aucune mièvrerie, n’en déplaise à ceux qui hochent la tête avec une certaine condescendance dès qu’il est question de chat ou autres animaux dans un livre ; sans doute ne savent- ils pas accorder de réelle attention à la nature et aux êtres qui nous entourent et nous portent si souvent secours…
Les chapitres du récit sont entrecoupés de réflexions, de constats souvent désolants sur la crise des relations de l’homme au vivant, mettant aussi l’accent sur la prise de conscience qui commence à émerger : nous apprenons que nous habitons une planète peuplée d’autres formes de vie que la nôtre, et c’est un autre regard qui se lève, une autre disponibilité au monde qui peu à peu fait surface.

Martine Rouhart