Eric Dejaeger, Le petit Jésus et la vie sexuelle des poètes, nouvelles, Cactus inébranlable éditions. Préface de Jean-Philippe Querton.
Un bon cru pour Eric Dejaeger, au mieux de sa forme.
Un livre sacrilège? Ben non, voyons. C’est seulement tout à la fin qu’une nouvelle évoque le petit Jésus. Pour un peu, on se croirait dans la Cantatrice chauve. Mais ici, c’est une blonde décolorée, qui en connaît un bout sur les poètes, et même sur des poètes belges disparus depuis longtemps. Chez Eric Dejaeger, ils ont leur local, le Petit Bedon. C’est tout juste si sur la place, juste en face, on n’a pas édifié un monument au poète inconnu. La Crismasse y coule à flots. On n’a pas tout perdu. De là à dire qu’ils mènent une vie sexuelle débridée, les poètes, bof! C’est pas toujours réussi.
Une bonne année, je vous dis. Comme d’habitude, l’imagination coule, elle aussi, à flots, chez Eric Dejaeger. Ces nouvelles sont plus originales les unes que les autres. Pas une de ratée. Il y en a même une qui pourrait damner un mort, jusqu’à rendre jaloux Félicien Rops. Je ne vous en dis pas plus. Et une autre, tout aussi époustouflante: l’histoire d’un employé modèle qui décide un beau jour d’arriver en retard d’un quart d’heure tous les matins à son bureau. Au pays du burn out et de la libre concurrence, c’est fortiche, il faut l’avouer.
Bon. Maintenant, si vous espérez que je vous raconte toutes les histoires, ça peut se faire. Mais alors, je demande au Conseil de doubler le prix de l’abonnement. Vous ne ferez pas une mauvaise affaire.
Joseph Bodson