Céline Noël, Kot & coeur, Ed.Mémory, 165 pages, 15 euros
Céline Noël, qui vient de recevoir le Prix Jeune Public Brabant wallon de la Fondation Laure Nobels (*), a écrit ce premier livre à 20 ans.
Elle nous livre ici un peu de sa vie d’étudiante à Louvain-la-Neuve. Même si une part de fiction n’est sûrement pas tout à fait absente, il s’agit plus d’un récit, d’une sorte de journal collectif. Pas vraiment d’intrigue dans la narration linéaire et chronologique, mais une description très concrète du quotidien, sur le campus universitaire de la ville étudiante « sortie de terre en 1971″, d’une petite poignée d’étudiants (Chloé, Diego, Laura, Tristan et Maylis), colocataires d’un kot. Il y est beaucoup question de sorties, de guindailles et surtout, de leurs amours et déceptions amoureuses. On passe des expériences de l’un à celle des autres, qui parfois s’entremêlent et se confondent.
Bien sûr, comme tous les jeunes adultes, insouciants ils se posent aussi des questions sur leur avenir, le sens du couple, la famille, etc.
» Dans neuf mois à peine, ils termineraient tous deux leurs études. Il faudrait songer à un travail, un appartement, une voiture, puis choisir un abonnement Internet et régler la facture d’électricité. Devenir adulte. Cela lui donnait le frisson ».
Nul doute que nombre de jeunes, tous à la croisée des chemins, s’y retrouveront. Ils s’y retrouveront tellement, tels qu’ils sont, que l’on pourrait peut-être un peu regretter que le livre n’entrouvre pas d’autres portes, n’ait pas été juste un peu plus au fond des choses et de l’être.
Il reste que c’est un livre sympathique, l’écriture en est agréable à lire, fluide et bien maîtrisée. L’on ne peut qu’encourager Céline Noël à continuer dans la voie de l’écriture, en prenant peut-être pour son prochain livre un peu plus de distance par rapport au concret, tout en continuant à puiser dans ses expériences personnelles puisque, comme le dit Rilke, pour écrire, « quand bien même vous seriez dans une prison dont les murs ne laisseraient rien percevoir à vos sens des bruits du monde, n’auriez-vous pas alors toujours à votre disposition votre enfance, sa richesse royale et précieuse, ce trésor des souvenirs? »
Martine Rouhart
(*) Le Prix Jeune public Brabant wallon de la fondation Laure Nobels récompense alternativement un auteur âgé de 14 à 18 ans et un auteur âgé de 20 à 24 ans. La fondation a été créée à la suite du décès tragique de Laure Nobels.
http://www.fondationlaurenobels.be