Pierre Bragard, Le camping des Flots Bleus, La Roulotte théâtrale/Audace.
Un polar un peu tristounet, semblerait-il, qui se déroule un peu comme une comédie bourgeoise, avec un détective en second attentif surtout à l’auberge où il loge avec son patron, attentif surtout au bon dîner, à sa digestion, au lit moëlleux…
Mais la réalité va le mettre en face de bien autres tableaux – lui et le lecteur : ces campings qui ont été des endroits courus, BCBG – l’action se passe à Durbuy -, mais où ont été attirés des gens qui ne savaient plus subvenir à leurs besoins – suivant l’expression consacrée, qui est atroce pour peu que l’on prête attention au sens profond des mots. Car, dans notre société où tout se sait, où tout se trame, même la misère devient objet de commerce, et enrichit les gens sans scrupules qui savent l’exploiter. En effet, d’échéance en échéance, de déchéance en déchéance – on leur coupe l’eau, l’électricité, les caravanes pourrissent – on les entraîne vers des endroits de moins en moins habitables. Le propriétaire du camping est loin, en Flandre, ici règnent ses hommes de main, de véritables voyous.
Je ne vous dirai pas la fin, c’est une des règles du polar. Mais on aborde ici, par le biais du polar, ce qu’on appelle vulgairement – ou plutôt insidieusement, car c’est un drame plutôt qu’un problème : la pauvreté.
Joseph Bodson