Paul Delvaux
« Figures de la femme », « Poésie, mystère et fantastique », « Un imaginaire onirique », « Le voyage comme moyen d’évasion », « Entre solitude et recueillement », « Un théâtre mental », sont autant de facettes de l’oeuvre de Paul Delvaux développées au travers de peintures, de gravures, de croquis, d’aquarelles, de dessins, et de témoignages sur la vie du peintre d’Antheit, issus de la collection de Nicole et Pierre Ghêne.
Ces passionnés de Delvaux ont rassemblé tout ce qui leur semblait « dévoiler » la source d’inspiration des oeuvres delvaliennes les plus abouties des années ’40. Leur quête nous permet de comprendre que c’est à Spy, en juin 1934, après quinze années de recherche, que l’artiste aboutit au style et au climat poétique qui fit sa gloire. Un documentaire filmé du vivant du peintre en dit long, à ce sujet, sur sa démarche picturale et son univers si particulier. Et, surtout, sur son lien à l’enfance, à la femme, à la mère, aux amies ou amantes, à l’homme séparé de ces femmes, au monde antique, à Jules Verne, aux trains, aux gares, aux squelettes…
Mireille Dabée
Lascaux, « La Chapelle Sixtine de la Préhistoire », découverte par hasard en 1940 en Dordogne, est une des découvertes archéologiques les plus étonnantes du XXe s.
Cette grotte, peinte et gravée il y a environ 20.000 ans, à la fin de la dernière ère glaciaire, est un des hauts lieux de l’art pariétal au monde. Ses parois sont ornées de pas moins de 2.000 animaux, ainsi que d’une seule représentation humaine, énigmatique. La grotte n’étant plus accessible au public depuis 1963, diverses copies grandeur nature ont, dès 1983, permis à ceux qui le souhaitaient d’en découvrir les splendeurs, grâce aux techniques visuelles modernes.
L’intérêt de cette exposition réside dans le dévoilement du contexte culturel qui a vu naître ces oeuvres. Comment vivaient les hommes de l’époque ? Que mangeaient-ils ? Comment s’habillaient-ils ? Dans quel biotope végétal et animal évoluaient-ils ? Comment communiquaient-ils ? Autant de questions qui nous interpellent aujourd’hui.
Mégacéros, aurochs, chevaux, bisons, lions des cavernes, rhinocéros laineux, mammouths, étaient présents dans l’environnement de ces hommes, pareils à nous. Ces « Cro-Magnons » (les « Sapiens sapiens » du genre Homo) avaient les mêmes préoccupations esthétiques que nous aujourd’hui. Ils créaient des bijoux et peignaient avec une stupéfiante efficacité de trait, synthétique, jamais exagérée, toujours juste et parfaite d’exécution.
Ces hommes ont peint debout, assis, couchés, à la lueur de flammes ondulantes et sur un support idéal de calcaire blanc, né il y a 10.000.000 d’années du creusement de la roche par les rivières souterraines. Avec cet avantage unique d’une couche de marne imperméable, formée il y a 2.000.000 d’années, au-dessus de la grotte et empêchant la formation de stalactites et de stalagmites. Ces hommes purent ainsi dessiner et graver, sur ces parois nettes, quasi aussi lisses que les toiles marouflées actuelles, des cavalcades expressives d’animaux du Paléolithique européen, leurs courses apeurées vers les rivières, des instantanés de combats ou de fuites, des paisibles déplacements ou des gestations saisonnières.
Ils ont conté leur quotidien sur la roche, avec des pigments naturels d’ocre et de noir, créé la « Frise des cerfs » et la « Vache noire », pensé l’univers dans lequel ils évoluaient en adjoignant aux fresques des centaines de signes abstraits, qui ressemblent, à s’y méprendre, à une « pré-écriture », à un « pré-alphabet », à une première manifestation symbolique de leur pensée communiquée à leurs semblables, à des « armoiries » d’identification de clans ou à des « signatures » d’artistes.
Nous sommes pareils à ces hommes-là, d’il y a des milliers d’années… Et, qui sait, peut-être, pouvons-nous songer que l’homme, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est ainsi « artiste » depuis au moins 200.000 ans…
Mireille Dabée