Anne-Marielle Wilwerth, Là où s’étreignent les silences, éditions Bleu d’Encre, 2020, 12 euros. Belle illustration de couverture de Eric Hennebique

C’est toujours un cadeau de tenir entre ses mains un recueil d’Anne-Marielle Wilwerth. Dès le titre, dès les premiers mots du premier poème, on reconnait l’auteure. A la délicatesse de la plume, au choix des mots qui n’appartiennent (presque) qu’à elle, à la douceur de l’image évoquée.
Parmi les mots griffonnés/nous choisirons ceux/dont les ombres frêles/courent déjà pieds nus/dans l’espéré
Nous retrouvons les thèmes chers à la poétesse, qui constituent la trame même de sa vie, le silence, la belle solitude créatrice, le fragile, les effleurements. Et bien sûr, la mer et son paysage qui n’arrêtent pas de la révéler à elle-même, car « En traversant les miroitements/du ressac/on libère sans le savoir/le passage/vers la transparence ».

Cette sensation, à la lecture, d’avancer avec la légèreté d’un elfe, à pas d’écureuil !

Juste l’oiseau/sautillant/dans la rosée des âmes/et cette confiance neuve/qui enivre
 
Des images si justes, presqu’évidentes, qui emmènent bien au-delà de l’image, pour dire la lenteur, « Remonter du puits/le seau de la lenteur/afin de calmer/nos manèges/agités », ou la tendresse d’un souvenir « Une pluie apaisante/habille la terre mouillée/Ce parfum ranime/ce que l’enfance/nous avait confié de plus beau ».

La poète ne se contente pas de vivre ses émotions et sensations, elle en appelle au « souffle nécessaire » pour aller plus loin, « embellir encore le langage », sauvegarder le précieux. Et pour préserver le sublime, « Nous lui parlerons/en phrases courtes/afin que sa densité/ne faiblisse ».
 
Il se peut même que nous touchions l’infini, si nous accordions une attention accrue aux petites choses de nos vies.
« Est-on assez fidèles/à l’ordinaire/dont le simple souffle/peut soulever/la poussière des extrêmes »

Martine Rouhart