L’accordéon du silence, poésie
Anne-Marielle Wilwerth, L’accordéon du silence, éditions Le Coudrier, Préface de Patrick Devaux, illustrations de Pascale Lacroix, 10/2016, 95 pages, 20 euros
Le nouveau recueil d’Anne-Marielle Wilwerth : beaucoup de douceur, une connivence entre les mots et le silence. Les phrases, denses, et le silence, intense, celui qu’on entend et qu’on écoute.
Ce dont les poètes parlent le mieux, c’est de l’indicible, de ce qui nous dépasse, des mystères du monde et du doute. Il est bien ici question d’intimité et de voyage intérieur, de lumière, et aussi d’une certaine solitude, non celle qui pèse et isole mais celle qui est force, refuge, ouverture.
Derrière de petites barrières bleues
les maisons se parlent
à voix basse
afin de ne pas réveiller l’angoisse
Les mots d’Anne-Marielle font naître des images évidentes, fortes et fragiles à la fois. La mer est omniprésente, on la sent vivre tout au long des pages, évoquée aussi en touches transparentes couleur d’eau et d’écume, par les illustrations de Pascale Lacroix.
Au bord de l’eau
cordes
rouille
coquillages
messages cryptés de l’infime
Et tous ces oiseaux des sables
dont les cris s’enlisent
dans l’instant tellement palpable
Le recueil est composé (non divisé) de quatre parties :
« Face à l’extrême », regard poétique sur l’île d’Ouessant
Dans « Le souffle des lampes » et « Semeur d’écume », le voyage intérieur se poursuit, les sensations se font encore plus intimes, la vision s’intériorise
De certains voyages
on ne revient jamais vraiment
Mais ils tambourinent à nos tempes
aux portes de nos refuges
aux volets grands ouverts
de l’imaginaire
« La mémoire contagieuse »: les mots amènent vers une libération, un dépouillement de soi
La dernière partie, « En pétillance et tout autour », une fin qui n’en est pas une, sorte de commencement…
Nous restons
sur la dernière marche du poème
pour prolonger l’inentendu
Martine Rouhart