Né à Vieux-Virton en 1890, mort à Saint-Mard en 1961, Camille Barthélemy est l’enfant de la Gaume. Il reçoit une formation à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (professeurs : Jean Delville et Emile Fabry) et enseigne ensuite à Schaerbeek et à Diest. Toutefois il retrouve assez rapidement sa chère Gaume qu’il ne quittera plus et qu’il ne cessera de célébrer. Les quelques paysages rapportés du Maroc, d’Espagne ou de France qu’on peut admirer au Centre d’Art de Vresse nous ramènent encore et toujours à la Gaume, à ses mystères et ses sortilèges. Ainsi, ils apportent aux gris des ciels, des schistes, de la neige et des chemins forestiers les couleurs du Sud. Barthélemy a été sensible aux effets de neige de Monet, aux couleurs exacerbées du Talisman de Sérusier qu’admirait tant Gauguin à Pont-Aven. Du cubisme de l’époque, il ne retiendra qu’une géométrisation mise au service de la composition de ses peintures, dessins ou gravures. Barthélemy n’est pas un peintre régionaliste : il vise l’universel. La Gaume qu’il donne à voir est un pays rêvé, transcendé, intemporel. Martué, Chassepierre, Izel et d’autres villages moins connus, sont illustrés et magnifiés à travers leur église ou leur lavoir, de même que les lavandières, les porteuses d’eau, les hotteuses sans visage nettement défini, sont figées dans l’Instant Intemporel. Quand était-ce ? Avant 1940-45 ou après la guerre ? Elles apparaissent comme les gardiennes d’un temps et d’un temple nullement abolis. Le peintre a réussi à merveille, à l’instar de Giono pour la Provence, à arracher la Gaume à la modernité.
Exposition visible au Centre d’ Interprétation d’Art à Vresse-sur-Semois, jusqu’au 26 juin 2016, de 14h à 17h.
Franz Vallée