Carine-Laure Desguin, Des lames et des lumières, poèmes, Le Coudrier, 80 pp, 16 €
En ce recueil, Carine-Laure Desguin s’est inspirée des lames du tarot, non tellement dans un but de divination, mais un peu à la manière de Rimbaud, qui, pour ses Illuminations, faisant feu de tout bois, célébrait les enseignes vivement coloriées, et tendait des cordes de clocher en clocher.
Une poésie impressionniste, des taches de couleur qui se juxtaposent en habit d’Arlequin, sans trop se soucier du sens et de la syntaxe. Seuls comptent ici, le brillant, le sonore, le chamarré, en un joyeux tintamarre où les astres se mêlent aux lames du tarot.
L’étoile et le soleil racontent/Que l’été prochain/Qu’on se le dise/La lune ouvrira ses valises/Et le lapin/Du jardin d’Alice/S’étonnera de la malice/De Jupiter et de ses magiciens.
Ou bien peut-être ces manuscrits, ces Bibles richement enluminées, où chaque majuscule, à elle seule, raconte une histoire. La nature tout entière est vivante, animée, qu’il s’agisse des sous-bois lointains ou des œuvres des hommes. Les couleurs et les sons ici se confondent en cérémonies bariolées, en synesthésies inattendues:
Dans son chariot de soleils/Tiré par des chevaux de sang/La victoire/Triom-phante magicienne aux relents/D’or de monts et de merveilles/Se cire les printemps (p.21)
Avec parfois un rythme d’incantation, de par un vers répété de strophe en strophe, ou même de ligne en ligne
Une belle réussite.
Joseph Bodson