Créée en 1870, la sucrerie de Genappe a fermé ses portes en 2004, laissant aux habitants et aux travailleurs un goût amer. Cet ouvrage, initié par le Centre culturel de Genappe, a pour but de conserver la mémoire collective de cette activité, mais aussi de présenter les conséquences de cette fermeture pour la population, la ville de Genappe et la région où étaient cultivées les betteraves, matière première de la fabrication du sucre.
L’ouvrage comporte plusieurs volets qui s’entrecroisent. La moitié est constituée de photographies des lieux – vues d’ensemble ou détails – et des personnes. L’autre moitié se répartit en témoignages d’une part, entretiens d’autre part. On peut déplorer la maigreur des témoignages, seulement quinze petits textes. C’est vraiment peu pour une entreprise qui a cessé ses activités il y a une dizaine d’années. La partie historique est réduite à une page évoquant les origines de l’industrie sucrière en Belgique et trois pages de chronologie. On aurait aimé en apprendre un peu plus sur la vie des travailleurs et des habitants de Genappe pendant cette période de 125 années. Les causes de la fermeture sont également passées sous silence, comme s’il s’agissait plutôt d’oublier le passé pour se tourner vers l’avenir. Pourtant on ne consomme pas moins de sucre aujourd’hui qu’au siècle passé.
C’est que le commanditaire s’est plutôt focalisé sur les conséquences de la fermeture et le devenir de la région. A cet effet, une dizaine d’entretiens ont été menés en 2014 sur des sujets de société : la nostalgie, la solidarité au travail, la ruralité, la reconversion du site, l’écologie ou la remobilisation collective des citoyens dépossédés de leur outil de travail. Ces sujets ne sont certes pas sans intérêt, mais ne répondent pas au titre de l’ouvrage.
Un des auteurs, Alain Dangoisse, rappelle que le patrimoine fait appel à un sentiment de fierté. Il permet d’être en résonance avec l’Histoire. Encore faut-il que des vestiges (patrimoine matériel) et des témoignages (patrimoine immatériel) soient conservés. Or de cela il n’est pas question.
Jacques Goyens