Claude Donnay, Poèmes du Chemin Vert, poèmes, éd. du Coudrier.
« Poèmes du Chemin Vert », Claude Donnay, ill., préface un rien alambiquée de Jean-Michel Aubevert.
Parution : Est-ce une rue de Paris où la rosée transpire lorsque l’Amour est repeint au vin blanc ?
Le présent recueil de Claude Donnay « avale le soleil nourri des fenêtres et du chant ravi du fleuve entre les ponts. » (p.18)
On avance entrée les travées de Notre-Dame, lève là tête vers la magnifique rosace et dans l’ombre des cafés on pose des pièges !
« A tous les feux piétinent des femmes aux jambes arrosées de lumière. »
Vous grignotez ici les images : « On tient une main gantée d’amour… »
Claude Donnay nous cause des jambes des femmes : « Ces compas qui arpentent le monde et lui donnent son équilibre » selon le cinéaste François Truffaut (in : « L’Homme qui aimait les Femmes »).
Au bistro du Rond-Point « le comptoir digère la lumière oblique » me parait une image moins heureuse mais, sur la même page l’auteur se raconte autrement : « Une main d’amour semble à peine une plume sur nos paupières. » Splendide rai de lumière. Image de goût.
J’ai apprécié cette perle sensuelle : « Jamais l’été ne s’est assis avec autant de volupté. A croire qu’ il se plaît sur tes genoux (p.57).
Le bleu et le blanc s’invitent moultes fois en ce « Chemin Vert » : ici les couleurs fétiches du poète.
« L’haleine du vent » souffle lentement, « toute lumière bue… » La pupille d’or dort, ajouterais-je.
Pour peu, écrit l’auteur, « l’attente est un cadeau de la vie. »
J’ai surpris entre les pages des endroits de Paris traversés ou longés à République et ce boulevard sans fin où le bureau de poste reste ouvert au public jusqu’à minuit pour contenter les scribes et les amoureux de souvenances.
L’avenue de la République, la torpeur d’une chambre asile des amours torrides, « l’embrun des verres », la rue pentue du Chien Vert et les éclats d’une sensualité brûlante : « Le plaisir perdure entre tes cuisses. »
On dévale ensuite la rue jusqu’à Bastille comme saoul d’Amour fou ?
Mais ne nous arrêterions-nous pas, cher auteur, rue du Chat qui Perche, histoire d’y planter sa gaule de buis ?
Il y a là les accents d’un poète aujourd’hui oublié, l’enseignant René-Guy Cadou et si j’ose m’avancer les stries d’un symbolisme retenu.
Beau recueil que celui du « Chemin Vert ! » Comme signe la dédicace qui me fut offerte : « Ces textes qui parlent de Paris et de l’Amour », prenez-le temps de les lire avec soin. « Paris est une Fête. » (Hemingway)
Les illustrations de Claude Berael, aux péniches répétitives, sont soignées et trop influencées par la patte triste de Buffet.
Jean-Louis Cornellie.