Salvatore Gucciardo Corps opaques ; Iasi : Editions Princeps Multimedia ; 2024 ; illustrations par l’auteur

Souvent, nous avons la mémoire courte, l’immédiat nous sollicite au point d’oublier la profondeur de l’existence ; c’est que le lien est ardu entre l’homme qui s’oublie et la profondeur qui se voile. A travers ce recueil, Salvatore Gucciardo nous ramène à l’ici maintenant, à ses potentialités, ses forces, ses merveilles et son aspect sacré ; mieux, il nous rappelle au détour de chaque page combien notre devenir est inséparable de celui du cosmos et nous invite à nous penser dans la perspective du grand tout dont le caractère divin ne peut nous échapper. C’est que pour le poète, l’existence est un message venu d’ailleurs et que les signes extérieurs de notre être, qui semblent les seuls à nous intéresser, sont dérisoires une fois confrontés au projet divin dont nous découlons. Bref, on est ici en présence d’une poésie qui tend à nous relier à l’âme cosmique de la nature, nous fait admettre notre finitude comme notre rapport permanent à l’infini ; on est ici en présence d’une poésie qui permet de sortir du moi, des simulacres du monde et d’épouser une forme de liberté innée qui ne peut déboucher que sur les meilleures formes d’amour et de paix. Corps opaques est un recueil à travers lequel, le poète cherche à mettre en scène le mystère du réel tout en nous laissant entendre que quelque chose nous dépasse, nous aime, nous porte en des régions du cœur que le cœur ignore.
Pierre Schroven
Il faut effacer
La noirceur
De la tourbe

Les dédales
De la suie

La pesanteur
De la houille

Pour embrasser
Les lèvres
De l’aube

Il faut sublimer le vol des oiseaux, la beauté des nuages, l’éclosion d’une fleur, la musicalité des vagues, les vertus de l’espérance