DELATTRE Marcel †
Il neige…
L’horizon se peuple de chimères
et du fond de la plaine
chantent mes souvenirs
Je revois le village
que masque mon clocher
et les coteaux boisés
jetés sur les labours
par je ne sais quel peintre.
Navré de nostalgie
je me surprends à songer
aux matins de printemps,
aux doux soirs d’hiver.
Et mon esprit s’en va
vers les êtres aimés,
anxieux du retour,
qui parlent de l’absent
avec des mots d’amour.
Il neige…
l’horizon s’éclaire
de douces rêveries,
et la plaine s’emplit
de chansons attendries.
Nuit d’hiver
La nuit s’est mise à tomber,
une nuit d’hiver
qui sent la neige et la tempête.
Et je me suis surpris à rêvasser,
une plume à la main…
Je revoyais ma terre natale
piquée de son clocher d’ardoises,
où la glace doit pendre à cette heure.
Alors j’ai compris pourquoi
cette terre est chérie;
elle l’est pour sa rudesse
et ses crépuscules froids.
C’est là le secret de bien des amours:
il y a des femmes
qu’on ne suit pas pour leur sourire,
mais pour leur silence.
Les lèvres closes et les yeux voilés
ont le même charme de mystère.
Je sais des cœurs
qui ne se livrent pas,
des cœurs durs au toucher,
mais que l’on adore
comme des crépuscules de glace,
comme des terres de douleur…