Avec l’exposition « Des tapis volants aux drônes », la Fondation Boghossian propose une étonnante mise en scène de compositions variées, sur le thème du Paradis à l’Enfer, reprenant les ouvres d’une trentaine d’artistes internationaux.
Avec sa forme rectangulaire, le jardin traditionnel persan orné de fleurs représente les quatre parties du monde qui entourent un centre agrémenté d’une vasque et d’un jet d’eau. Ainsi que l’observait le philosophe Michel Foucault, cet espace sacré est à l’origine de la création des tapis de cour qui apparaissent en Perse au VIe siècle : « Le jardin, c’est un tapis où le monde tout entier vient accomplir sa perfection symbolique, et le tapis, c’est une sorte de jardin mobile à travers l’espace. Le jardin, c’est la plus petite parcelle du monde et puis, c’est la totalité du monde ».
De son côté, le tapis volant a été pendant longtemps un moyen symbolique de se libérer de l’adhérence au monde et de le parcourir, de se déplacer dans l’imaginaire, de dépasser les frontières du fini et de l’infini. Dans la mythologie perse, le Roi Salomon possédait un tapis volant que la Reine de Saba, qu’on disait magicienne, lui aurait offert. On raconte même que le roi pouvait y transporter son palais tout entier.
Le tapis volant, évoqué dans les contes et popularisé par les Mille et Une Nuits, est aussi représenté dans bon nombre de films fantastiques.
Certains scientifiques se sont penchés sur cet objet légendaire, y voyant une réplique aérienne de la manière dont se déplace la raie manta dans l’eau. Des physiciens se seraient même lancés dans des recherches pour faire réellement voler un tapis !…
Mais le tapis volant évoque aussi ce rêve ancestral, celui de voler, de traverser le ciel en échappant aux dangers de la terre. On se souvient qu’après Icare, le premier à s’être lancé dans les airs, Léonard de Vinci s’est pris au jeu de concevoir des objets volants très ingénieux.
Plus tard, les soucoupes volantes ont hanté l’imaginaire moderne, bien au-delà de toutes les performances techniques qui ont réellement permis de voyager dans les airs ou d’y lancer une grande diversité de machines volantes.
Actuellement, ce sont les drones qui occupent les esprits : objets volants télécommandés ou autonomes, les drones ouvrent un champ illimité de possibilités. De l’observation au contrôle, du transport d’objets à celui des armes, rien ne semble pouvoir échapper aux promesses de leurs performances. Pour le meilleur et pour le pire…
En abordant cette diversité, ces rêves et réalités, l’exposition Le Paradis et l’Enfer souligne à quel point les objets volants ont inspiré les artistes de tous les temps et de toutes les cultures. De la symbolique des tapis anciens et de celle de la géométrie des jardins qui l’a inspirée, du rêve ancestral de voler aux objets volants les plus incroyables, du monde vu du ciel à l’occupation de l’espace par les satellites, des promesses aux multiples dangers que les drones incarnent, la Fondation Boghossian propose ici un voyage inattendu.
Exposition ouverte jusqu’au 6 septembre 2015, tous les jours, de 10h à 18h30.
Villa Empain – 67, avenue Franklin Roosevelt – 1050 Bruxelles.
info@boghossianfoundation.be
02/627.52.30