Gisèle Toussaint, Et il y a tellement d’amour…, Nouvelles. Ateliers littéraires du Roman Pays.
Contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, ce recueil de nouvelles n’est pas d’un optimisme radieux, inconditionnel. Il serait d’ailleurs, si c’était le cas, en parfaite contradiction avec la vie telle que nous la côtoyons tous les jours…La vie, remplie de catastrophes, petites ou grands, de déceptions, d’incompréhension. Comme si les êtres humains marchaient à travers une sorte de brouillard; jouaient à une sorte de grand colin-maillard.
Cela commence par un crime, de ceux que l’on dit « passionnels », et le départ de l’héroïne pour la forêt amazonienne, cela continue par la déchéance d’une jeune femme au milieu des clochards, un suicide causé par un cancer, le dégoût d’une vie quotidienne consacrée au succès professionnel…mais les deux dernières nouvelles rayonnent, elles, d’un optimisme discret.
Discret, c’est sans doute le mot qui caractérise le mieux le style et le ton des nouvelles de Gisèle Toussaint. Pas de grands éclats, la passion elle-même semble se replier sur soi, faite de petits faits vrais de la vie quotidienne. Pas trop de larmes, pas trop de cris: le malheur, le désespoir se suffisent à eux-mêmes. Les dernières phrases de ces nouvelles le prouvent à suffisance:
Il y a longtemps que Béa est sortie de ma vie…mais elle me manque…Elle me manque toujours! (Ce n’est plus qu’un souvenir)
Lorsque l’homme sonna chez les Darmont, Marie en pleurs lui ouvrit (Renoncement)
Dans l’impossibilité de lui répondre, je lui tendis les bras (Voyage dans le passé).
Cette concision même concourt pour une bonne part à l’effet de réalisme de ces nouvelles. La vie, aux couleurs de la vie.
Joseph Bodson