Que de mots savoureux, surprenants, chaleureux ou incisifs, que d’émotions partagées dans les allées de la Foire du Livre de Bruxelles, en ce haut-lieu du patrimoine bruxellois qu’est Tour&Taxis !
Déjà, lors de l’inauguration, à l’invitation de Hervé Gérard (Président) et d’Ana Garcia (Commissaire), présentés par Corinne Boulangier (RTB), l’académicien Dany Laferrière remit les pendules à l’heure « de la sieste », de la nonchalance et du bonheur qu’il y a à vivre l’instant présent.
Et, ce soir-là, personne n’a trouvé à redire à cette évidence de l’ultra-connexion de nos vies actuelles ni à celle de l’arrêt sur image et temps vécu avec intensité et jouissance. L’idée même qu’on puisse « passer de la baignoire au livre » avec autant d’aisance fascinait l’écrivain mis à l’honneur, tant il appréciait la vie telle qu’il la pratiquait à la Foire du Livre, allant, sans désagrément, de l’hôtel proche aux stands de dédicace. Alors que je m’étonnais de son stoïcisme à dédicacer tant de livres, il me rétorqua fort à propos : « Madame, quand on a travaillé, comme moi, huit ans en usine, dans la clandestinité des sans-papiers, tout ceci n’est que pur bonheur et on l’apprécie à sa juste valeur » !
Merci à Dany Laferrière de remettre à leur juste place les choses qui nous sont données et que nous ne savourons pas assez.
(Photos : Mireille Dabée)
Déambuler, s’arrêter, croiser amis et connaissances, feuilleter les livres, parler, écouter… il y a tant et tant à vivre à la Foire du Livre qu’on ne se lasse pas d’y repenser, une fois quittés les lieux dédiés à la page écrite et à la parole échangée.
Quel plaisir de pouvoir enfin dire à Thierry Bellefroid et à Michel Dufranne qu’on suit avec bonheur leurs chroniques et émissions, tant à la radio qu’à la TV. Ou de parler avec François Schuiten, François Emmanuel, Hubert Reeves, François Englert, Michel Joiret, Jean Baudet, Stephan Van Puyvelde, Marc Danval ou les frères Bogdanov de ce qu’ils ont écrit récemment, de converser sur les sujets d’actualité les plus brûlants avec Christine Ockrent… Voilà bien ce qu’il convient d’appeler du « surcroît d’âme » à mettre en réserve pour les jours pauvres de la vie quotidienne !
Mireille Dabée