Jacques Warnier, Fahène, contes, CRIWE, 20, rue Surlet, 4020 Liège.
Jacques Warnier, lauréat du prix de la Ville de Liège en 1989, a réuni ici, pour notre plus grand plasisir, onze contes, onze histoires, qui ont pour dénominateur commun de se passer dans les grands bois, les villages perdus de notre Ardenne, et de faire la part belle au merveilleux. Un merveilleux qui n’a rien de mièvre, mais qui se dégage tout naturellement de l’atmosphère, des arbres, des forêts, des saison, que Jacques excelle à évoquer. Écoutez plutôt (Lès blouwètes):
« Ci n’èst qu’ dès blouwètes, nin dandjî d’avu sogne. »
Lu vî ome èt l’èfant rotèt è grand bwès, èl nut’ qu’è-st-asteûr neûre come gayète. Vola dèdja ‘ne hapêye qu’ il-ont qwité l’ viyèdje po l’ ham’tê da costé qu’ine vîle feume deût-èsse bin anoyeûse di n’ nin ‘lzê veûy riv’ni.
C’èsteût ‘ne bèle fin d’ djoûrnêye d’årîre-såhon. Li solo avizéve aveûr pris èn-èsprès ine oranje louweûr po fé r’glati totes lès coleûrs di fièsse qui lès-åbes avît mètou.
Un sentiment très juste de la nature, rude, âpre, parfois, ou riante et colorée, selon les saisons, bien loin du sentimentalisme qui dépare parfois ce genre de descriptions chez nos auteurs wallons; un style concis, précis, bien adapté au contexte de chaque récit; enfin, une connaissance exacte de la vie quotidienne, des souffrances et des joies du petit peuple villageois, rien n’y manque, pas même l’évocation colorée de ces bandits d’Ardenne qui couraient les bois, au cours des périodes troublées.
Bref, un livre qui plaira aux grandes personnes (quel plaisir, de temps à autre, que de retourner en enfance), et aux enfants eux-mêmes, que le merveilleux intrigue toujours, même au cœur de notre civilisation technicienne.
Un lexique vient heureusement compléter le livre, et les illustrations de Jean-Baptiste Warnier sont parfaitement adaptées aux récits.
Joseph Bodson