Jean-Louis Massot Aussi les gens collection PetitVa éditions du Centre de Créations pour l’Enfance de Tinqueux (2022, 5 euros, environ 40 pages)
Jean-Louis Massot est un éternel empêcheur de tourner en rond. La poésie est remise à sa place dans ce carnet non paginé présenté en forme de cartons retenus par une spirale métallique rappelant un peu les tout premiers « Carnets du Dessert de Lune » dont il fut l’éditeur.
A se demander où se trouve la poésie, l’auteur la croque partout : « L’autre jour, j’ai croisé un poète dans la rue. Il croquait à pleines dents dans une gaufre de Bruxelles toute chaude. J’ai désiré savoir si c’était là son dernier recueil de poésie. Il ne m’a pas proposé d’y goûter et a tout avalé devant moi ». On retrouve dans ces mots le sens d’observation inné de Jean-Louis. Quand il a posé son regard, l’instant révèle tout autre chose que le champ de vision habituel.
Entre objets poétiques, chers aussi à Francis Ponge, par exemple, et ce qui semble à priori relater du fait divers, Jean-Louis Massot rend l’instant presque surréaliste sans y toucher avec peut-être aussi une certaine solitude car son instant n’est pas toujours celui du vis-à-vis observé quand « la poésie s’est sentie un peu seule » et qu’il ajoute « aussi les gens » incluant les êtres et leurs états d’âme dans le concept poétique de son écriture, l’humain immédiat et disponible étant sa première source d’inspiration.
La conception graphique de Thomas Venet suggère, sans figurer, assez bien de choix possibles dans l’interprétation des formes donnant cette sorte de balancement qui convient aux scènes de vie exprimées avec un certain sens du scénario, l’écriture de Jean-Louis étant visuelle, quelque part journalière à représenter la vie courante de façon presque anonyme (pour la personne observée) comme peut également le faire par exemple Francesco Pittau et avec cette sorte d’humour calibré assez dosé pour être convaincant.
Patrick Devaux