Jean-Marie Maquet, Sur les sentiers de grande randonnée, Weyrich, 2019.
Pour ceux qui voudraient découvrir la Wallonie autrement, à pied, le long de sentiers habilement tracés par d’intrépides baliseurs, voilà le livre idéal édité par Weyrich et écrit par un fin connaisseur de notre territoire. Il l’arpente depuis quarante-cinq ans et en connaît toutes les richesses et tous les secrets. Dès les premières pages évoquant la Forêt de Soignes jusqu’aux vignobles de la Gaume, l’auteur, excellent photographe en outre, nous fait vibrer de plaisir et d’envie grâce à des pages de haut vol, souvent poétiquement écrites et qui sentent bon la fougère, le sureau ou l’ail des ours. Il y faut du jarret pour affronter toutes les bosses et les cailloux, les gués et les pentes dont regorge notre riche et verte Wallonie ! Très souvent, le randonneur et ses compagnons de route doivent « crapahuter » (le mot préféré du narrateur… ) pour se lancer autour des obstacles et sur des pistes ingrates mais au bout de journées harassantes, comment ne pas éprouver une joie profonde et une formidable confiance en soi pour avoir pu vaincre la fatigue et la durée et avoir goûté à tant de merveilles naturelles ! Car, si Maquet sait décrire avec précision les chapelles, les ruines, les châteaux et les venelles pittoresques de nos cités, il a le bon goût de marcher à l’écart des lieux trop touristiques (Durbuy, les plaines de jeux de Coo…) et nous invite chaque fois à nous en tenir à l’essentiel : le patrimoine naturel, nos forêts, nos landes, nos champs fleuris, nos ruisseaux enchanteurs, nos oiseaux et nos poèmes vivants dont il émaille son texte. L’homme n’est pas seulement un solide pèlerin mais il fut professeur et il sait tenir la plume. Il y a sûrement du Masson, du Prémorel et du Goffette dans sa bibliothèque comme l’on dit qu’il y a du bon vin dans les caves du curé. N’hésitez donc pas à randonner avec notre guide et vous découvrirez avec ravissement des paysages ignorés de l’Entre-Sambre-et-Meuse, des Ardennes brumeuses ou encore de l’imposante Hesbaye ou du rude et pierreux Brabant wallon. Mais il y faudra de l’entraînement pour passer du livre paisible aux sentiers escarpés… Si les marques « blanc et rouge » sont assez faciles à repérer sur les poteaux et les arbres, se lancer sur une vingtaine de bornes par jour entre deux haltes exige de la volonté et une formidable abnégation car le réchauffement climatique ne vous empêchera pas de piétiner dans la neige, le verglas, la boue ou sur d’étroits caillebotis tortueux. Un défi difficile à envisager et encore plus dur à abandonner tant il devient une drogue, au fil des kilomètres avalés !
Un jour de sentier, sept jours de santé ! A vos bottines, Martine ! Et sèrez bin vos lacètes, Juliète!
Michel Ducobu