José Havet, Pour Rebecca, poèmes, éd. Mer bleue.
José Havet dédie ces poèmes, combien émouvants, à la mémoire de sa fille Rebecca, morte en 1987 à l’âge de 17 ans. Il se réfère au Kaddish d’Allen Ginsberg, avec le devoir de rester neutre, anonyme. La correspondance avec Marie-Clotilde Roose comptera aussi beaucoup pour lui. Viendront également se joindre au recueil deux longs textes sur Jules Laforgue, ainsi que six poèmes sévères pour l’obscurité en poésie, obscurité qui empêche l’émotion de se traduire. Il souhaite un recueil transparent, et celui-ci l’est pleinement.
se souvenir ô je me souviens/d’avoir posé sur le sable nu/mes pas éteints/puis sans nom sans voix sans aimer/j’ai appelé/la caresse étoilée du vent//se souvenir ô je me souviens/d’une adolescence/d’errances intimes/et de me trouver/me retrouver/solitaire/au cœur de tristes mises en scène/ayant pour arrière-plan/des contes menaçants/échafaudés à coups de lectures et de hasard/et qui n’étaient que rêveries et manquements (…)
Influence peut-être de Péguy, la charrue qui repasse en sillons pareils et parallèles, approfondit plutôt que de s’égarer en vaines effusions.
Une fois le leit-motiv développé, il est éclairé sous un jour nouveau dans chaque strophe.
Ailleurs:
(…)
écrire/lui écrire et/enfin/les mots apparaissent/enfin/se jeter sur le papier/scène toute dépouillée/enfin
Des textes d’une émotion poignante, dans leur discrétion voulue.
Joseph Bodson