Julien Bosc, La coupée, poèmes, éd. Potentille, 8, allée Marcel Paul F-58640 Varennes-Vauzelles.
L’auteur nous dit, p.14: De quelques règles de la vie en mer – qui pourraient être du poète. Non point, bien sûr, de ces réglements tâtillons qui enserraient la vie des casernes et des collèges d’autrefois, col marin y compris. Mais bien, on l’aura deviné, d’une morale hauturière, qui permet de garder la tête hors de l’eau, par ces temps de marées basses. Mais écoutons plutôt ce beau texte:
Garder son cap/n’en jamais varier que très lentement/ne jamais non plus vouloir aller plus vite qu’il ne faut/bien observer tout ce qui entoure sans se soucier de soi/aimer la lenteur à son corps défendant si nécessaire/l’apparence du sur place quelque fois et s’il advient s’armer de patience/attendant sans tourment des temps meilleurs ils reviendront tôt ou tard/être là de nuit comme de jour et/en permanence à l’écoute de ce qui se dit ou chante/comme de tout semblerait se taire//de quelques règles de la vie en mer/-qui pourraient être du poète. (p.14)
Chaque mot, ici, pèse son poids d’or fin, et de patience dans l’azur. Travail de constance et de recueillement, sans quoi rien ne peut mûrir.
Une longue métaphore filée, d’espace, de vent, d’illimité, valable pour le voyage comme pour le poème. L’absence de limites; jointe à la précision du cap; la précision et l’immensité. cela rend tout – y compris les relations et les êtres – à la fois proche et lointain:
une danse de chiffres peut autant étourdir que les mots d’un poème. (p.21)
Un livre , juste un livre.
Joseph Bodson