Marc Meganck – Après nous les nuages – 180° éditions – 125 p.- 14 €
Rien à voir avec « après nous les mouches », qui semble se désolidariser de ceux qui suivront. Il s’agit ici de trouver un appartement au dernier étage, pour n’avoir personne au-dessus, rien que les nuages. Et y vivre l’amour à deux, en dépit d’événements atroces qui font craindre pour l’avenir.
Mouches pourrait avoir une connotation macabre, liée aux cadavres, car des cadavres, il y en a eu. Alors que nuages évoque le ciel (le sacré) et la pluie (la vie). Et c’est bien de cela qu’il est question. La vie sacrée, qui doit continuer malgré tout, malgré les attentats qui ont secoué Paris et Bruxelles.
Les capitales… Les villes où vivent le narrateur et la femme qu’il aime, les villes où ils évoluent, seuls ou ensemble, avant de chercher le nid qu’il leur faut, dans l’une ou dans l’autre. On voit l’homme arpenter Bruxelles, prendre le pouls et la mesure de la ville après les attentats, livrer au cours de ses déambulations ses impressions, souvenirs, ressentis, commentaires sur les événements, sur la société et sur sa propre vie. Tout le livre est un long monologue adressé à sa femme. La vie continue, peut-être égoïstement, peut-être sagement. Logiquement, somme toute. La mort des uns n’a jamais empêché les autres de vivre, même si « rien n’est plus comme avant ». Il faut vivre avec.
La violence est aussi vieille que le monde et les hommes l’ont toujours utilisée pour s’exprimer, pour s’affirmer, pour dominer les autres et régler problèmes et différends dans un processus de destruction, qui semble leur être très naturel, hélas.
Les nuages sont bien gris, la peur et l’inquiétude nous taraudent, mais tout n’est peut-être pas perdu. On peut trouver l’appartement rêvé. Et rêver d’y être heureux. Seul ou à deux.
Isabelle Fable