Pascal Lorent, Retour à Anvie, roman, éditions Weyrich , collection Plumes du Coq (2023, 400 pages, 22 euros)
Les clés d’un bon roman policier sont assez convenues : une bonne intrigue, une ou plusieurs victimes et des rebondissements. Si on ajoute à cela un sens avéré de la description et également une approche sensible, voire psychologique des personnages, c’est gagné.
C’est le cas avec ce premier roman de Pascal Lorent avec « Retour à Anvie » où, d’emblée, le lecteur aura envie (c’est le cas de le dire) de suivre le policier Hugues Ballinger sur les traces du coupable dans la localité où le maire fait la pluie et le beau temps intriguant de nombreux projets immobiliers et manipulant, à force de chantages, les responsables officiels de la localité, notamment le brigadier, tandis que certains dialogues, bien menés par l’auteur, suggèrent très bien les situations :
– « Brigadier, la question est plutôt : qu’allons-nous faire ?
– Je ne comprends pas.
– Ne m’obligez pas à vous l’expliquer. Ce policier doit cesser de nous nuire au plus vite. Ou il trouve un coupable et débarrasse le plancher, ou on s’arrange pour qu’il ne puisse plus poursuivre son enquête.
– C’est-à-dire ?
– Un accident. Cela arrive tous les jours, les accidents. Non ?Ou une faute qui provoque son dessaisissement. On peut l’y pousser »
Outre l’intrigue qui n’est pas à un rebondissement près, l’auteur décrit admirablement les lieux ou l’atmosphère ce qui peut faire penser à certains romans de Simenon ou encore aux descriptions et intrigues psychologiques de Marcel Procureur :
« Au dehors, les cloches clamaient la fin de l’office, couvrant les dernières notes de l’orgue. Sitôt sortis de l’église, le père et le fils grimpèrent à l’arrière d’une voiture dont le moteur tournait déjà et disparurent avant même que l’assistance ait quitté le faisceau tamisé des vitraux. La foule se dispersait vers les véhicules garés en épi autour de la place ».
A l’intrigue principale s’ajoutent les émotions d’Hugues Ballinger à retourner dans le village où l’homme ressasse ses souvenirs avec Marie victime d’un accident de voiture sur les lieux de l’enquête.
Dans quelle mesure l’enquête et le retour sur les lieux du drame vont-ils conditionner la vie de l’enquêteur ? Réponse dans le roman habilement ficelé pour ce qui concerne la psychologie souvent suggérée émotivement.
Philippe Bondieu, la victime, est journaliste et c’est une occasion, pour l’auteur, d’appréhender un milieu qu’il connait parfaitement tandis que transparaissent également les intrigues des milieux politiques.
A la lecture on devine le travail de l’auteur avec ce livre écrit…sur plusieurs décennies !
Patrick Devaux