Pierre-Jean Foulon, Mors, éd.du Spantole, Thiuin, 2017.
Un titre bref. Un recueil qui l’est tout autant, marqué d’un bout à l’autre par l’austérité, et ce que j’appellerais volontiers une certaine dignité. Un mot que l’on n’ose plus guère employer, qui peut paraître guindé, mais qui ne l’est pas, ici en tout cas.
Un recueil de maximes? Non, ce ne sont là qu’amusettes. Ici, et quoi qu’en dise le faiseur de maximes, le soleil, et la mort, peuvent se regarder en face.:
La vie boule de feu/ dans le ciel de la mort..
Et je ne puis m’empêcher de revoir son père, Roger, que j’avais visité peu avant le grand départ, et qui me parlait comme s’il s’agissait là d’une chose très ordinaire. Un invité de plus, on ajoute une place à table. Oui, le grand style, dans toute sa simplicité. Mais il y a l’art aussi, qui tient sa place. Et cela forme un étrange trio:
Tombeau/château d’argile/empire de lumiière
Avec des airs de litanie.: Plus de peau sur les os/plus de givre dans le cœur. Et plus loin: La faux s’émousse/sur la force des mots. Comme si l’art, malgré tout, et en désespoir de cause, pouvait faire obstacle.
Et cela se poursuit: La vie gardienne des songes/la mort victime du rêve.
Et ce souhait final: S’il fallait revenir/je serais eau de rivière/éclair infini dans la nuit.
L’eau et le feu. Oui, étrange combat, pareil presque à une corrida; où le taureau blessé revient toujours à la même place, au soleil, son estancia. Car c’est bien ici d’une dispute, d’un combat pour un domaine qu’il s’agit. Et il arrive que la mort s’éclipse: Un peu d’esprit/ suffit à humilier la mort.
Un maître livre.
Joseph Bodson