Yves Namur, Les poètes du Taillis-Pré – Une anthologie partisane.
Partisane, en ce sens, nous dit Yves Namur, que les anthologies qu’il a publiées auparavant, assez souvent avec Liliane Wouters, avaient comme visée d’offrir une image assez complète de la poésie. Ici, il n’en est pas question: il s’agit plutôt d’une fête de famille, réunissant en ce fort volume de 308 pages les auteurs publiés aux éditions du Taillis Pré, certains très connus, d’autres, un peu moins; les vivants et les morts, fraternellement rassemblés.
Il en est de nombreux pays. Comme le dit Yves Namur, Il n’y a pas d’école du Taillis Pré, il y a simplement la curiosité, l’émotion, l’amitié, et je crois, l’enthousiasme d’un éditeur. Mais ne faut-il pas être de ceux-là pour éditer aujourd’hui de la poésie? Et cela dure depuis trente ans!
Souvent présents, Cécile et André Miguel font figure de mentors, presque de ces personnages que l’on voyait en prière sur les volets des retables. C’est dire si leur influence sur le poète et l’éditeur fut importante.
Les titres des entrées sont des titres d’auteurs: Le temps qui bat, La lueur des mots, Ce fragile aujourd’hui…Une symbiose bien sympathique! Mais, si différents que soient les poètes, ils ont, en air de famille, cet enthousiasme, cette sorte d’allegria, ou de cœur à l’ouvrage, qui, avec les qualités de style, est la marque de la vraie poésie.
Impossible, bien sûr, de les citer tous. J’ai noté, au passage, p.135, un beau texte de Nuno Judice,, le rêve d’un cortège paradisiaque. André Schmitz, p.140: Il s’abstient de se ruer vers des poèmes/pas encore nés de les harceler/Il les laisse avoir le désir de lui/- pour exister ou ne pas exister. La poésie, on l’oublie trop souvent, en tant que dialogue, et non de monologue inspiré. Madeleine Biefnot, à la page 150, des images très simples et très fortes: J’écoute aux portes la pauvreté/Sa transparence/Le matin répand son givre/Grue après grue/ émigrent les dons de l’été/ Du puits l’eau monte sans couleur. Poésie du murmure, de la discrétion, du sous-entendu, bien souvent, qui est une sorte de tension. Jean-Luc Wauthier et Liliane Wouters, Roger Foulon, les amis si récemment disparus, et si proches de nous encore, dont les paroles, comme un écho, nous renvoient le son des poèmes que nous lisons, d’eux ou d’autres, fraternellement unis.
La poésie, dialogue, rencontre, et seul remède, peut-être, à notre solitude…
Joseph Bodson